See Red Women’s Workshop est un collectif de graphistes sérigraphes féministes qui a été créé en 1974 à Londres, par trois anciennes étudiantes en art.

C’est suite à une annonce dans Red Rag — un magazine féministe radical — proposant de se réunir pour lutter contre le sexisme dans la publicité et les médias, la violence domestique et les inégalités sexuelles au Royaume-Uni et partout dans le monde, que le collectif See Red est né.
D’abord installées dans un squat à Camden Town, elles ont déménagé pour un autre squat à South London après avoir reçu une brique dans une de leur fenêtre. Elles se sont installées définitivement dans des locaux abandonnés à Camberwell où elles ont effectué tous les travaux de rénovation elles-mêmes, avec l’aide de femmes issues de métiers de la construction.
See Red se composait en moyenne de 6 femmes et environ 45 femmes ont participé au collectif pendant toute sa durée. Certaines sont restées en apprentissage pendant plusieurs mois, d’autres venaient régulièrement pour participer à la création collective d’affiches sur des sujets qui leur tenaient à cœur.
Pour chaque projet il y avait une réunion, une des membres faisait une proposition graphique, la présentait aux autres pour qu’elles donnent leur avis, puis une autre pouvait y apporter des changements et ainsi de suite jusqu’à ce que le collectif soit satisfait du résultat final. L’affiche était signée par See Red et personne ne s’en attribuait le mérite en particulier, car ce concept du monde de l’art n’était pas en accord avec les idées du collectif. La qualité était très importante et de nombreuses heures y étaient consacrées pour que seules les affiches bien imprimées quittent l’atelier.

Jusqu’à ce que See Red commence à recevoir des subventions au début des années 80, le financement de l’atelier était autogéré grâce à la vente d’affiches, de cartes, de calendriers, de prestations d’impression pour d’autres collectifs amis, et des dons. Les membres de See Red avaient toutes une activité à côté, soit des emplois à temps partiel et/ou des enfants à s’occuper.
Les membres appartenaient à des groupes féministes et étaient actives dans différentes organisations radicales ou alternatives. Les affiches étaient essentiellement produites autour de leur expérience personnelle, sur l’oppression du travail domestique et sur l’image négative de la femme dans les médias.
L’atelier a été vandalisé à plusieurs reprises par le National Front, des tags aux portes fracassées, en passant par de l’encre versée sur les machines, aux lignes téléphoniques coupées, entre autre.
L’atelier du collectif See Red Women’s Workshop a fermé en 1990 ; l’industrie de l’imprimerie avait changé et la sérigraphie était devenue coûteuse, les affiches ne généraient plus suffisamment de revenus pour maintenir le projet.
Suite à un regain d’intérêt ces dernières années, l’Institute of Contemporary Arts de Londres a consacré une exposition au collectif en 2015.
En 2016, les deux fondatrices Suzy Mackie et Pru Stevenson, ainsi que les membres Jess Baines et Anne Robinson ont réalisé un site internet sur l’histoire du collectif et un livre See Red Women’s Workshop: Feminist Posters 1974-1990. Elles participent toujours à des conférences aujourd’hui.
Deux des membres fondatrices sont décédées : Julia Franco en 1980 et Sarah Jones en 2007.
