Anne Dangar (1885-1951)
Formée à la peinture à la Sydney Art School avec l’idée d’enseigner les arts plastiques, Anne Dangar se rend pour la première fois en France en 1926. Sur les traces de Cézanne, elle se lance à la découverte de l’art moderne avec son amie de toujours Grace Crowley. Toutes deux sont inscrites à l’Académie Colarossi (ateliers libres) puis poursuivent leur formation à l’Académie André Lhote. Anne Dangar y apprend un cubisme figuratif et découvre bientôt l’œuvre d’Albert Gleizes au Salons des Tuileries en 1928.

En 1929, le retour en Australie est rude. Elle reprend son poste à l’école d’art, où les conceptions artistiques n’ont guère pris le chemin de la modernité. Elle développe des expériences inédites et propose des cours de design. De plus en plus, l’influence de Gleizes se fait sentir. Comme elle n’a pas encore fait sa connaissance, elle se procure l’ouvrage La Peinture et ses lois, et demande à Grace, restée en France, plus d’informations sur le peintre. Son amie le contacte directement, suit plusieurs de ses classes et est finalement invitée à la résidence de Serrières où un atelier est mis à sa disposition. Elle introduit son amie Anne Dangar et spontanément Gleizes propose de l’inviter à les rejoindre.

Le 11 février 1930 elle quitte définitivement l’Australie pour rejoindre la communauté artistique et religieuse de Moly-Sabata. Loin des villes, loin des pressions commerciales, la vie dans cette maison à Sablons, sur les bords du Rhône, est un véritable retour à la terre. Très rapidement, Anne Dangar endosse la responsabilité de la communauté et comprend qu’il est impératif de pouvoir en assurer le maintien financier. Par l’intermédiaire du peintre Robert Pouyaud, Anne Dangar se tourne vers la céramique. Mise en relation avec les potiers de la région, à Saint-Désirat d’abord, puis à Roussillon où elle apprend, dans l’atelier du père Paquaud, la technique de la terre vernissée. Cette collaboration est la plus longue et la plus fructueuse ; elle conçoit la forme et le décor ; lui réalise la pièce. Sur ses plats, vases, pots, coupes, Miss Dangar (comme aimaient la surnommer les Sablonnais) réinterprète les compositions cubistes du maître mais applique aussi les leçons de cet art rythmique en développant des motifs plus personnels, végétaux par exemple. Reprenant les théories du peintre mexicain Adolfo Best-Maugard, elle travaille à partir de motifs simples et universels, comme la spirale, le cercle, la ligne droite ou les dents de scie mis en tension dans ses compositions céramiques.
Toute sa vie elle a allié l’utile à l’esthétique, considérant que « le design est le plus précieux des pouvoirs de l’art » (1).

(1) Citation extraite d’une lettre d’Anne Dangar à Mme Henry Crowley, 28 février 1927.