Il est rare que l’on puisse identifier, aujourd’hui, une créatrice de la Renaissance. Certaines femmes peintres sont entrées timidement dans l’histoire de l’art, Artemisia Gentileschi ou Sofonisba Anguissola, mais celles qui concevaient des objets sont le plus souvent restées anonymes.

Suzanne de Court est presque la seule femme à s’être forgé une réputation dans le domaine des émaux peints à la fin du 16e siècle. On suppose qu’elle est la fille d’un émailleur célèbre Jean de Court (actif entre 1550 et 1600) et que l’appartenance à une famille d’artisans lui a permis d’apprendre ce savoir-faire particulier. On n’en sait guère plus sur sa vie. Surement protestante comme le reste de sa famille, elle n’apparait dans aucun registre et le document qui citait son nom a aujourd’hui disparu.
Depuis le 12e siècle, Limoges est un centre très réputé pour ses émaux. Après les techniques des émaux champlevés et cloisonnées, la ville se fait connaitre pour ses émaux peints sur plaque de cuivre. Plusieurs musées en France et dans le monde entier conservent des pièces signées par Suzanne de Court. Le soin apporté tant au dessin qu’aux couleurs confère d’emblée un caractère des plus précieux à ses œuvres. L’ultime étape consiste à appliquer des rehauts d’or pour apporter les derniers détails à la composition.
Dans la plupart des cas, les émailleurs n’imaginent pas ces scènes religieuses ou mythologiques mais interprétèrent des gravures de maîtres italiens, allemands ou hollandais. Toutes ces pièces en dépit de leur sujets, ne conviennent ni à l’usage liturgique ni l’emploi quotidien. L’émail est bien trop fragile pour résister aux chocs. Aiguières, coupes, assiettes sont donc des objets d’apparats faits pour être exposés marquant ainsi le goût et la culture de leur propriétaire.
